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Les bonnes pratiques pour animer vos groupes techniques d'agriculteurs

Les technico-commerciaux peuvent être amenés à accompagner des groupes techniques, collectifs d’agriculteurs réunis autour d’un même thème.
Quelles sont les bonnes pratiques d’animations de ces groupes ?
Christophe Debavelaere, technico-commercial et animateur d’un GIEE (Groupement d'intérêt économique et environnemental), livre ses 10 conseils. En fin d'article, retrouvez le retour d'expérience de Gérard Léonard, agriculteur en GIEE.

 

 

  1. La demande doit émaner des agriculteurs eux-mêmes
  2. Un nombre de participants compris entre 8 et 15 personnes
  3. Fixez des règles dès la première séance
  4. L’animateur de la coopérative ou du négoce n’est pas là pour faire de la vente
  5. Quatre rendez-vous annuels suffisent
  6. Impliquez les agriculteurs en leur donnant la parole
  7. Un groupe de discussion sur une application ou un réseau social
  8. L’animateur gère le timing pendant les sorties dans les parcelles
  9. Invitez un intervenant qui échangera avec les participants
  10. Les moments de convivialité entre agriculteurs font émerger des idées
  11. Bonus : Paroles d'agri

Christophe Debavelaere, technico-commercial de la coopérative Agora, anime un GIEE autour de l’agro-écologie en grandes cultures, sur le secteur de Compiègne (Oise). Le groupe qu’il encadre réunit dix agriculteurs. Objectif commun : expérimenter des pratiques innovantes pour préserver la qualité de l’eau et la biodiversité en zone de captage.

 

La demande doit émaner des agriculteurs eux-mêmes

 

"Pour qu’un groupe fonctionne, l’initiative doit venir des agriculteurs. Les participants partagent un objectif commun et décident, volontairement, de se regrouper pour l’atteindre. Il est souhaitable d'impulser le groupe en proposant des pistes de réflexion. L’accompagnement se met en place dès le départ, dès la structuration du groupe."

 

Un nombre de participants compris entre 8 et 15 personnes

 

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"Le groupe idéal se compose de 8 à 15 personnes. Au-delà, il devient compliqué de se réunir, de maintenir une qualité d’écoute en présentiel et de faire vivre le groupe en dehors des temps de rencontres. Travailler avec des agriculteurs en local permet de privilégier des groupes d'agriculteurs avec un contexte pédoclimatique similaire. Ainsi les propositions faites par le groupe s'adapteront bien au contexte de chaque exploitation."

 

 

 

Fixez des règles dès la première séance

 

"Comme au sein d’une entreprise, la mise en place de quelques règles est nécessaire au bon fonctionnement du groupe. A l'idéal, le groupe est moteur dans la mise en place de ces bonnes pratiques. Chaque bonne pratique est ensuite validée par l'ensemble du groupe. Elles seront mieux acceptées qu’après coup. Le message doit être clair : du respect des règles dépend la réussite et l’efficacité des réunions. En voici quelques-unes :

 

  • Mettre en place des Doodle pour fixer les dates des réunions. Avec réponse obligatoire, même si on ne peut pas venir.
  • Les horaires doivent être respectés. Tant pis pour celui qui est retard.
  • Pas d’appels téléphoniques pendant les rencontres, surtout en salle. Les pauses sont là pour ça.
  • Fixer une cotisation évite l’effet gratuité et renforce le sentiment d’implication. Elle financera les temps d’échanges conviviaux."

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L’animateur de la coopérative ou du négoce n’est pas là pour faire de la vente

 

"La première séance est aussi l’occasion de lever une ambiguïté. Même si vous travaillez pour une coopérative ou un négoce, vous n’êtes pas là pour vendre mais pour animer ! N’hésitez pas à le préciser. Vous assurez l’encadrement du groupe avec une compétence technique et d’animation. Pour autant, vous êtes capable de faire le lien avec les enjeux économiques."

 

Quatre rendez-vous annuels suffisent  

 

"Les agriculteurs sont des chefs d’entreprise. Ne les sollicitez pas à outrance ! Quatre rendez-vous annuels suffisent. Prévoir plus, c’est prendre le risque qu’ils ne viennent pas. De votre côté, anticipez en envoyant l’invitation plusieurs mois à l’avance, relancez et confirmez la veille. Communiquez systématiquement l’ordre du jour avant chaque rencontre."

 

Impliquez les agriculteurs en leur donnant la parole

 

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"La première réunion annuelle a lieu l’hiver, en salle. Objectif, faire un bilan de la campagne passée et préparer celle à venir. Les thèmes des prochains rendez-vous sont décidés en commun. Impliquez les participants en leur donnant à tous la parole. Déconseillez les ordinateurs portables, qui distraient l’attention."

 

 

“ Un groupe de discussion sur une application d'échanges ou un réseau social ”

 

"Utiliser un groupe de discussion est indispensable pour prolonger les rencontres et partager facilement de l’information. Privilégiez une appli sur smartphone, avec une prise en main facile. Réutilisez conversations et photos pour vos présentations et demandez à leurs auteurs de les commenter en séance."

 

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L’animateur gère le timing pendant les sorties dans les parcelles

 

"Le premier tour de plaine ou rendez-vous bout de champs a lieu au mois d’avril. Le jour j, l'ordre du jour est évoqué rapidement à l’oral. L’animateur a une fonction importante : gérer le timing.  Il est garant du respect du programme de la journée. Invitez l’agriculteur qui reçoit le groupe à prendre la parole. Encouragez les échanges. Si les débats dévient et dérivent, recadrez. Et rappelez-vous mieux vaut frustrer qu'ennuyer ;)"

 

Invitez un intervenant qui échangera avec les participants

 

"Le regroupement de mai est l’occasion d’inviter un intervenant. Ce rendez-vous s’apparente à une formation. Il peut avoir lieu en extérieur ou en salle. En dehors de l’intervention “magistrale” de l’invité, prévoyez des temps d’échange avec les participants. Partagez les documents par internet, le soir même ou le lendemain."

 

Les moments de convivialité entre agriculteurs font émerger des idées

 

"Cultivez la convivialité. Le café d’accueil, le déjeuner sont autant de moments qui contribuent à créer du lien au sein du groupe. Les échanges entre agriculteurs sont aujourd’hui trop peu fréquents. Ces moments informels sont appréciés de tous… et non dénués d’utilité. Ils font souvent émerger des idées ou des projets intéressants."

 

Paroles d’agri

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Gérard Léonard ( ici en photo à gauche ), est céréalier en Meurthe-et-Moselle (54). Il participe à un GIEE sur l’agriculture de conservation des sols et à un groupe technique de suivi annuel des cultures.

“Dans le cadre du groupe de suivi, nous faisons 4 à 5 tours de plaine au printemps et 3 à l’automne. Le GIEE se réunit environ une dizaine de fois par an. L’hiver les rencontres ont lieu en salle. C’est une fréquence suffisante. Leur réussite tient beaucoup à l’animation. On peut mettre ensemble les meilleures volontés, si personne n’anime le groupe, ça ne marche pas. Un bon animateur doit savoir distribuer la parole et laisser les participants s’exprimer, tout en recadrant quand ça part dans tous les sens. C’est tout un dosage !

L’animateur doit par ailleurs avoir des compétences techniques, sinon il risque d’être mis en défaut. Parfois, il est aussi arrivé que l’animateur évalue mal les besoins du groupe ou ne se concentre que sur un seul aspect des choses. Selon moi, il est essentiel de bien comprendre les attentes d’un groupe, dès le départ. Pour prolonger ces rendez-vous, nous avons mis en place des groupes WhatsApp. Au GIEE, nous sommes tous sensibles aux nouvelles technologies, ça s’est imposé tout de suite. Ça permet une vraie rapidité de communication.

Néanmoins, il faut le faire vivre. Ça ne marche pas tout seul. Au départ il y avait beaucoup d’enthousiasme mais avec le temps ça tend à s’essouffler. D'où le rôle clé de l'animateur.” 

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